Manfred Karge est né en 1938 à Brandenbourg an der Havel en Allemagne. Comédien, metteur en scène, il travaille au Berliner Ensemble, notamment avec Matthias Langhoff avec qui il monte « Le Petit Mahagonny » et « L’Achat du Cuivre » de B.Brecht. Ensuite, à la Volksbühne il travaille sous la direction de Benno Besson, et il s’installe au Schauspiele de Bochum. Il écrit Jacke wie höse, Max Gericke, Le Chien du Mur…
Manfred Karge connaît bien la région de Herne où il travaille pendant plusieurs années, c’est là qu’il situe son histoire. La Ruhr, région industrielle d’extraction du charbon et de production de l’acier, où, après la crise du charbon des années 80, des milliers d’ouvriers se retrouvent au chômage. A la gueule noire des mineurs va se substituer le rêve blanc du pôle sud.
« … Le chômage, finalement, devient le modèle du non-faire, de la non-activité du travail. Ce n’est pas tant un état qu’un modèle de la non-productivité, mais qu’on peut retrouver aussi bien dans le travail, ou du moins dans certains types de travaux. En ce sens nous sommes tous concernés par cela, parce que même si l’on n’est pas au chômage, on peut parfois faire des choses qui équivalent à ne rien faire. C’est dans le chômage qu’on le voit le mieux, c’est là que c’est le mieux nommé. Et j’estime que, quand on veut écrire d’une manière réaliste, une des priorités est de parler du concret du monde et de la vie que l’on va décrire… »
Entretien avec Yannic Mancel, Avignon, juillet 1987.